Le test ADN de dépistage de l’incompatibilité de rhésus mère-fœtus

test ADN incompatibilité rhésusLe test ADN d’incompatibilité de rhésus entre la mère et le fœtus existe depuis 1995. Il était proposé en France aux femmes enceintes depuis plusieurs années déjà. Mais jusqu’à présent, il était à la charge des patientes. L’utilisation du test sera étendue grâce à sa prise en charge par l’Assurance Maladie française depuis le mois de Juillet 2017.

12 octobre 2017 – mis à jour le 31/01/2023

En 2005, le CNGOF recommandait le génotypage fœtal sur sang maternel pour les femmes rhésus négatif dont le conjoint était rhésus positif. L’objectif était que ce test génétique soit inscrit à la nomenclature des actes de biologie médicale. La Haute Autorité de la Santé en France le préconisait à son tour en janvier 2011. La CNAM produisait un rapport en 2013 soulignant la spécificité du test.

Qui peut faire un test ADN de l’incompatibilité de Rhésus ?

Le test est destiné aux femmes enceintes de groupe sanguin RhD négatif. Il consiste à récupérer l’ADN fœtal libre circulant à partir d’un échantillon de sang maternel, pour déterminer le facteur rhésus D du fœtus en début de grossesse et d’adapter le suivi médical de cette grossesse.

Quel est l’intérêt de ce test ADN d’incompatibilité de rhésus?

répartition des groupes sanguins populationL’intérêt de cette détermination est de simplifier la surveillance médicale spécifique de cette grossesse lorsque le fœtus est rhésus D négatif comme sa mère. Ce test permettrait à l’Assurance maladie de réaliser plus de 8 millions d’euros d’économies chaque année, notamment en évitant les injections inutiles d’immunoglobulines anti-D. Le test ADN d’incompatibilité de Rhésus est relativement peu onéreux, autour de 80€.

Quel est le risque d’allo-imunisation foeto-maternelle ?

15% des femmes européennes d’origine caucasienne est RH :-1 (D négatif), 3 à 5% des populations d’origine africaine et 0.1% d’origine asiatique. Sur un nombre annuel de grossesses d’un million, la Haute Autorité de la Santé avait estimé que la surveillance du risque d’allo-immunisation devait porter sur 150 000 à 165 000 femmes enceintes de rhésus D négatif.

Le facteur rhésus est déterminé par les gènes transmis par ses deux parents, voir notre article sur la filiation et les groupes sanguins : La mère est de groupe sanguin rhésus positif lorsqu’elle possède sur ses globules rouges l’antigène Rh et de groupe sanguin rhésus négatif lorsqu’elle ne le possède pas.

Dans le cas où les deux parents ont un facteur rhésus négatif, ils ne possèdent pas l’antigène Rh. Donc quel que soit leur groupe sanguin, l’enfant aura forcément un groupe sanguin avec un rhésus négatif.

Pour les autres cas, l’enfant pourra soit avoir un groupe sanguin avec un rhésus positif ou négatif.

Parmi ces femmes enceintes dont le groupe sanguin est rhésus négatif, 60% sont enceintes d’un bébé de groupe rhésus D positif (RH :1). Il y aurait donc chaque année en France 90 000 femmes concernées par le risque d’incompatibilité de rhésus.

Que se passe t-il en cas de Rhésus D positif chez le fœtus ?

Il n’y a généralement pas de risque de complication lors d’une première grossesse. En effet, le placenta agit comme une barrière. Le sang de la mère Rh- et du bébé ne sont pas en contact.

incompatibilité de rhésus mère foetusLe problème se pose si des globules rouges fœtaux RH :1 passent dans la circulation sanguine maternelle, lors d’une hémorragie foeto-maternelle (HFM). Ces hémorragies sont fréquentes notamment au cours du 3e trimestre. Les HFM peuvent survenir suite à un traumatisme abdominal ou une fausse couche. Citons également une grossesse extra utérine, un geste invasif réalisé pendant la grossesse ou une interruption de grossesse.

La mère peut commencer à produire à cette occasion des anticorps IgG anti-D (anti RH1). Ces anticorps sont dirigés contre les cellules rhésus D positives du fœtus. Son corps a identifié les cellules foetales comme étrangères.

Lorsque le système immunitaire de la mère a commencé à produire ces anticorps, appelés agglutinines irrégulières, le fœtus d’une prochaine grossesse est menacé.

Les anticorps maternels anti RH1 traversent le placenta au même titre que les autres anticorps maternels. Lorsqu’ils entrent dans la circulation sanguine fœtale, ils causent des maladies graves. Par exemple, l’anémie hémolytique fœtale et néonatale sévères ainsi que d’ictères néonatals graves.

Quelle surveillance médicale des grossesses de femmes Rhésus négatif ?

À la naissance de chaque enfant au rhésus incompatible avec celui de sa mère, davantage globules rouges du foetus se retrouvent dans la circulation sanguine maternelle. Lorsque la réponse du système immunitaire de la mère est renforcée, le risque augmente pour de prochaines grossesses. Pour mieux préparer la grossesse suivante, on détermine le groupe sanguin ABO, RH, Kell, de l’enfant à la naissance. On recherchera également d’autres systèmes selon les anticorps maternels dépistés pendant sa grossesse.

Le suivi médical de la femme enceinte RH :-1 inclut obligatoirement la recherche régulière d’agglutinines irrégulières tout au long de la grossesse.

150°000 femmes enceintes reçoivent chaque année de façon systématique des injections d’immunoglobulines anti-D à partir du 6e mois de grossesse. Plus spécifiquement à nouveau, dans les 72h suivant la constatation d’une hémorragie HFM, ainsi qu’à la suite d’un accouchement ou d’une interruption de grossesse.

test ADN d'incompatibilité de rhésusCe traitement consiste en l’injection de protéines qui détruisent les globules rouges fœtaux libres dans la circulation sanguine maternelle. On évite ainsi de stimuler son système immunitaire. En conséquence, on limite la production d’immunoglobulines anti-D qui s’attaqueraient au fœtus (dans l’éventualité où il serait de rhésus positif).

Le problème est que ce traitement est parfaitement inutile dans le cas où le foetus est rhésus négatif. En effet, c’est le cas de 40% des grossesses chez les femmes de Rh-. La CNAM a estimé que l’économie générée par la prescription du test de l’ADN libre foetal dans le sang maternel permettrait de générer 8.5 millions d’euros d’économie annuelles.

Quel est l’avantage du test de l’ADN libre foetal?

L’utilisation du génotypage fœtal Rhd sur sang maternel chez les femmes RhD négatif permettrait d’éviter les injections non ciblées d’immunoglobulines anti-D. Cela serait utile dans ces deux cas :

  • Chez les femmes immunisées antiRh+ lorsque le fœtus est Rhésus négatif (si mère et fils sont tous deux Rh-, ils sont compatibles). Dans ce cas, il n’y a plus de surveillance particulière à effectuer pendant cette grossesse, par rapport au risque d’incompatibilité de Rhésus.
  • Chez les femmes non immunisées, les injections d’immunoglobulines anti-D seraient ciblées .

Je suis enceinte, comment faire le test ADN d’incompatibilité de rhésus mère fœtus?

Le test ADN d’incompatibilité de rhésus est possible dès 11 semaines d’aménorrhée (9 semaines de grossesse). Votre médecin ou votre sage-femme pourront vous le prescrire.

Cliquez ici pour visiter le site du laboratoire qui a développé ce test en France, l’Institut de biotechnologies Jacques Boy de Reims.

Retour en haut