Test de paternité : un faux résultat est-il possible?

Comparaison de 6 ADN pour illustrer le polymorphismeUn test de paternité est fiable, s’il est effectué auprès d’un laboratoire accrédité. Le laboratoire ne peut pas « se tromper » puisqu’il suit un protocole strict, largement automatisé.

Cependant, il faut savoir que dans certains cas, le test peut être difficile à interpréter ou alors faussé au moment de l’échantillonnage, par la faute des participants. Voici les erreurs à éviter pour avoir confiance dans les résultats de votre test ADN.

Nous ne le répétons jamais assez: prenez le temps de comparer. Choisissez toujours un laboratoire avec un service clientèle compétent. Il sera également là pour vous aider à comprendre vos résultats.

1. Le laboratoire peut-il « se tromper » sur les marqueurs ADN des participants ?

Pour un test de paternité entre un père et son enfant, le laboratoire compare 16 à 20 endroits précis de leurs chromosomes. On appelle ces parties d’ADN des région d’ADN ou locus (loci au pluriel).

En décodant le génome humain, les scientifiques ont donné un nom à chaque région de nos chromosomes. Le nom commence souvent par D, suivi du numéro du chromosome sur lequel le gène est situé. Puis il y a une lettre et une série de chiffres. Certains gènes ont des noms plus courts avec des lettres seulement.

Pour réaliser un test ADN, les laboratoires choisissent des gènes situés sur les 23 paires de chromosomes ou sur les chromosomes sexués X ou Y. Les endroits comparés peuvent être des microsatellites, des STRs (short tandem repeats), ou des VNTRs (variable number tandem repeats). Ce sont des endroits où certaines séquences d’ADN se répètent. On compte alors le nombre de chaque répétition sur cette région.

Par exemple, certaines personnes vont avoir 11 copies de la séquence ATGC sur un locus particulier D16S539. Tandis que d’autres auront 9, 10, 12, 13, 14 copies.

Nous avons deux versions de chaque chromosome, héritée chacun de l’un de nos parents. Le tableau de résultat du test ADN indiquera pour le gène D16S539 : 11/12. Cela signifie que l’on a vu 11 répétitions de cette séquence sur votre premier chromosome n°16 et 12 répétitions sur votre second chromosome 16.

Comment voit-on qu’un test de paternité est négatif ?

Le test est négatif si le profil ADN du père ne correspond pas à celui de l’enfant sur au moins 1 gène sur les 20 testés. Par exemple le père a les valeurs 9 et 12, l’enfant a 10 et 14.

Sur le tableau, on voit que l’index de paternité IP = 0.00 sur chaque ligne où les ADN ne correspondent pas. Au bas du tableau, il y a une zone d’interprétation. Lorsque le test est négatif, la probabilité de paternité est de 0%

Il y a ensuite un paragraphe explicatif qui dit que le père présumé n’est pas le père biologique de l’enfant testé. En effet, le père présumé ne possède pas les marqueurs génétiques qui ont été transmis à l’enfant par son père biologique.

En général, soit le test est positif (avec concordance sur toutes les régions testées), soit il y a de nombreuses différences (et le test est clairement négatif). On ne peut pas avoir un test de paternité négatif par hasard.

Comment être certain qu’un test de paternité est positif ?

Comparaison de l'ADN de personnes traversant un passage piétonLe test est positif si et seulement si le laboratoire trouve une valeur en commun entre l’ADN de l’enfant et celui du père sur toutes les régions testées – sans exception !!

Pour clarifier, il y a toujours un paragraphe explicatif avec le % de paternité atteint qui est au maximum 99,9999%.

On ne peut pas avoir un test ADN positif par hasard.

Si l’on comparait l’ADN d’inconnus, comme sur l’image ci-contre, d’un groupe de personnes traversant la rue, leur ADN comporterait suffisamment de différences pour exclure une relation de parenté.

Pourquoi ne voit-on jamais une probabilité de paternité de 100% ?

D’un point de vue statistique, il est impossible pour le laboratoire de confirmer une probabilité de 100%. Il devrait pour ce faire assurer qu’il n’existe aucun autre homme qui serait le père de l’enfant. Donc qu’aucun autre homme possèderait les mêmes caractéristiques génétiques que le père biologique de l’enfant testé.

Le père testé pourrait avoir un frère jumeau par exemple. Le laboratoire réserve donc un infime % de probabilité pour cette inconnue qu’il ne peut pas éliminer.

On ne peut pas obtenir 99% de probabilité de paternité par hasard. Un test de paternité affichant 99% ou plus est sans aucun doute un test de paternité positif.

2. Peut-on fausser un test ADN au moment de l’échantillonnage ?

Faire un prélèvement buccal pour un test ADN est une procédure simple comparée à une prise de sang. Cependant les participants sont souvent stressés au moment de se retrouver autour d’une table pour faire le test. Ont-ils peur de mal faire, ou les relations familiales sont-elles devenues tendues à cause de ces discussions autour du test ADN? La réponse est oui: un prélèvement raté peut altérer le résultat d’un test ADN :

Inversion de l’étiquetage des échantillons mère-enfant

C’est rare, mais il est déjà arrivé que les participants mettent les écouvillons de l’enfant dans l’enveloppe de la mère. Et vice-versa l’écouvillon de la mère dans l’enveloppe de l’enfant…

Le résultat est catastrophique car le laboratoire donnera un faux résultat négatif au test de paternité. En effet, il trouvera des points communs entre l’échantillon de l’enfant et celui de la mère, donc l’analyse sera validée.

Mais il ne trouvera aucun ADN en commun entre l’échantillon du père et celui de l’enfant. Puisqu’en raison de l’inversion, l’enveloppe de l’enfant contient l’ADN de la mère et non celui de l’enfant. En général père et mère ne sont pas issus de la même famille, il y a donc beaucoup de différences entre leurs profils génétiques.

Vérification du sexe de l’échantillon d’ADN

Pour pallier au risque d’erreur lié à l’échange d’échantillons, qu’il soit volontaire ou non, le laboratoire recherche l’amélogénine en plus d’une quinzaine de gènes placés sur les chromosomes 1 à 23. L’amélogénine est un marqueur qui indique si le participant est masculin ou féminin.

Dans l’exemple cité plus haut, si l’enfant est une fille et que son échantillon a été échangé avec celui de sa mère, le laboratoire n’aura aucun moyen de détecter l’erreur d’emballage des échantillons, le résultat du test de paternité sera un faux négatif.

Le laboratoire sera en revanche capable de détecter grâce à l’amélogénine si l’enfant est un garçon et que son échantillon a été échangé avec celui de la mère ou si l’enfant est une fille et que son échantillon a été échangé avec celui de son père. Dans ce cas, il contacte la personne qui a commandé le test pour lui demander de lui fournir de nouveaux échantillons pour toute la famille.

Mauvais étiquetage = perte de temps

Etudions enfin un dernier cas possible : si l’enfant est un garçon et que son échantillon a été inversé avec celui de son père. Le laboratoire détectera une anomalie au moment de la comparaison de l’échantillon de la mère avec celui de l’enfant (qui contient l’ADN du père).

L’analyse ne sera possible qu’avec l’envoi de nouveaux échantillons. La famille a perdu du temps et de l’argent car le laboratoire demande souvent un supplément pour l’envoi d’un deuxième kit et pour refaire complètement les analyses. Il est assez normal que le laboratoire ne garde pas ce surcoût à sa charge, car ce n’est pas lui qui a commis l’erreur.

Notre conseil : restez zen au moment de l’échantillonnage ! Ecrivez les noms des participants sur les enveloppes des échantillons avant de commencer les prélèvements pour ne pas vous mélanger les pinceaux.

Ils ont envoyé l’échantillon d’un autre !

Juge d'un tribunal frappe son marteauUne autre source d’erreur indétectable par le laboratoire est l’envoi de l’ADN d’une personne extérieure à la famille. Un homme en Angleterre avait voulu se soustraire à ses responsabilités paternelles au moment d’un divorce. Il avait alors eu l’idée de fournir l’échantillon d’ADN d’une autre personne au lieu du sien.

Il avait demandé à son voisin de comptoir (au pub!) de lui rendre ce service. Le test de paternité fut bien sûr négatif et avait été versé au dossier de demande de divorce.

La contre-expertise demandée par la mère a établi que le père était bien le père biologique de l’enfant. En plus, l’homme a été condamné par la justice pour avoir fraudé le test ADN.

Elle aussi!

La triche n’est hélas pas l’apanage des pères! Il faut également signaler les cas d’une mère souhaitant éloigner le père biologique de leur enfant. Elle a fourni l’ADN d’un autre enfant pour obtenir un test de paternité faussement négatif.

Dans ce cas de figure, il est important de fournir un échantillon d’ADN maternel. Sachant que le laboratoire compare d’abord l’ADN de l’enfant à celui de la mère, la tricherie serait immédiatement détectée. Le laboratoire verrait tout de suite que cet enfant serait celui d’une autre mère.

Enfin pour vous faire sourire, sachez qu’il s’est vu le cas où l’un des participants avait fourni un échantillon d’ADN de son animal de compagnie ! Evidemment, l’ADN animal et humain sont si différents que la tricherie s’est tout de suite vue.

La contamination d’un échantillon d’ADN peut-elle fausser le résultat?

Un éternuement risque de contaminer un échantillon d'ADNOn parle de contamination d’un échantillon d’ADN lorsque l’ADN d’une autre personne est rajouté par erreur sur les bâtonnets de prélèvement d’un des participants. La contamination ne peut pas fausser le résultat d’un test ADN car le laboratoire détectera la présence de deux profils ADN distincts. Cependant l’analyse est retardée d’au moins une semaine, le temps de recevoir un nouveau kit et de faire parvenir les nouveaux prélèvements au laboratoire.

La contamination peut intervenir au moment du prélèvement ou bien au moment de l’envoi des échantillons au laboratoire :

Les sources de contamination au moment de l’échantillonnage ou de l’analyse sont par exemple un éternuement, de la transpiration, quelques squames ou peaux mortes, une plaie qui saigne, un bâtonnet que l’on touche avec les doigts sans porter de gants, que l’on pose sur une surface sale ou contenant des restes alimentaires.

Les contaminations sont rares au moment de l’analyse car les laborantins sont formés pour suivre des procédures strictes : ils portent un équipement spécial blouse, masque, charlotte et gants.

Un cas de contamination exceptionnel

Il y a eu un cas historique de contamination des écouvillons (=du matériel de prélèvement) au sein même de l’usine de fabrication de ce matériel supposé stérile. C’est l’histoire du fantôme d’Heilbronn, une petite ville en Allemagne. Un profil ADN y avait été relevé à proximité du corps d’une jeune policière tuée par balle en 2009. Or ce mystérieux ADN d’une jeune femme était inconnu des fichiers de police judiciaire. Cet ADN a ensuite été retrouvé sur des scellés de plusieurs affaires criminelles en Autriche, Allemagne, en France ainsi qu’à l’intérieur d’une voiture de police allemande !

L’enquête mobilisa une centaine de policiers jusqu’à cette révélation du journal Bild. L’ADN était celui d’une employée du fabriquant des d’écouvillons. Par négligence, elle avait contaminé tout un lot d’écouvillons. Ceux-ci avaient ensuite été livrés aux équipes de la police scientifique allemande. Rassurez-vous cela ne s’est pas reproduit depuis 2009.

Enfin, il pourrait y avoir un problème de contamination au moment de l’envoi des échantillons. Il faut laisser sécher séparément au moins 1 heure les petites enveloppes contenant les prélèvements du père et de l’enfant. Par exemple, vous pouvez les laisser à plat sur un table. Puis vous les mettrez ensemble dans la grande enveloppe retour. Ne vous précipitez pas pour les envoyer si elles ne sont pas sèches. Vous perdrez du temps s’il vous faut renvoyer de nouveaux échantillons!

3. Y a t’il des laboratoires moins fiables?

Client très en colère avec un service clientèleCertains laboratoires ne sont en fait que des revendeurs de tests ADN d’une autre société. Les personnes du service clientèle vous aident dans le processus de commande et ne sont pas généticiens, ils ne sauront pas répondre aux questions techniques sur votre test génétique.

Méfiez vous des laboratoires dont le numéro de téléphone n’est pas affiché sur leur site. Une fois que la commande est passée et réglée, il est pratiquement impossible d’obtenir une réponse de leur part s’il y avait un problème avec votre test. Au final, certains ont dû attendre plus d’un mois pour avoir leurs résultats, sans avoir de nouvelles. Avec le sentiment de s’être fait avoir et l’angoisse que les échantillons soient perdus.

2 astuces très simples pour ne pas se faire arnaquer :

  • Tapez dans un moteur de recherche : le nom du laboratoire suivi d’un espace et le mot arnaque ou problème. On trouve facilement le nom et l’adresse de la société qui opère le site internet sur les pages « mentions légales » ou « Conditions Générales de vente » du laboratoire. Vous y verrez dans quel pays est le siège de la société.
  • Ne lisez pas les avis publiés sur le site du laboratoire car ils sont contrôlés par le site, mais recherchez en sur des sites indépendants comme Trustpilot ou info.signal-arnaques.  Evitez avis-vérifiés ou Judge.me car ils sont favorables aux marchands.

Nous ne saurions assez le répéter, informez vous et posez des questions avant de commander votre test. Contactez nous ou consultez nos outils pratiques pour vous aider dans votre choix, tout particulièrement notre liste noire des laboratoires à éviter !

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