4 biomarqueurs pour prédire la mortalité à 5 ans

4 biomarqueurs du risque de mortalité a court termeNous savons tous qu’il nous faudra faire face à l’issue fatale un jour ou l’autre. En avançant dans l’âge, nous sommes confrontés au décès de nos proches. Alors que certains partent dans des circonstances accidentelles, d’autres sont lentement emmenés par de longues maladies. Il y a ceux qui ont toujours été maladifs, chétifs, qui finissent par vivre 96 ans comme mon grand-père et les autres qui, toujours en bonne santé, développent subitement des maladies foudroyantes. Qui n’a pas rêvé de savoir combien de temps il lui restait à vivre ? Et si nous pouvions détecter les maladies graves dès leurs premiers signes ?

L’identification précoce des personnes ayant un fort risque de mort à court terme permettrait de mieux cibler la prévention.

Les biomarqueurs sont des molécules biologiques trouvées dans le sang ou les fluides ou tissus corporels. Ils sont les révélateurs d’un dérèglement physiologique dans notre corps, d’une affection médicale ou d’une pathologie. Ils annoncent l’imminence ou simplement le risque qu’une pathologie apparaisse. Par exemple, les taux de cholestérol sont mesurés pour estimer le risque de maladies cardiaques. Les biomarqueurs les plus courants sont utilisés pour déterminer le risque d’un individu de développer une maladie spécifique. Il n’y avait pas de marqueur indiquant qu’une personne risquait de tomber malade ou qui a plus de chances de mourir à très court terme d’une maladie.

Une équipe de chercheurs estoniens vient de trouver 4 marqueurs dont la présence semble bel et bien révéler le risque de mourir à très court terme, sous 5 ans.

Alors que la plupart des tests utilisaient des tests spécifiques à chaque affection médicale, l’équipe a cette fois utilisé les techniques de la spectroscopie par RMN (Résonance magnétique nucléaire) et de la spectrométrie de masse pour révéler en une seule analyse les taux de concentration dans le sang d’une centaine de biomarqueurs à la fois. Ces outils pourraient être utilisés rapidement pour dépister une série de biomarqueurs auprès de la population générale.

4 biomarqueurs du risque de mortalité à CT

Les bio marqueurs de la mortalité toutes causes confondues ont été recherchés auprès de deux larges cohortes:

  • 9 842 participants de nationalité estonienne : ils ont utilisé des échantillons de sang d’une cohorte d’individus âgés entre 18 et 103 ans, qui avaient été recrutés depuis 2002. Leur état de santé était connu et les patients étaient suivis sur plus de 5 ans. Sur 508 patients décédés sur une période moyenne de suivi de 5,4 années, 106 biomarqueurs ont été identifiés grâce à la spectroscopie par RMN.
  • 7503 finlandais : les biomarqueurs ainsi repérés dans les échantillons estoniens ont été recherchés dans les échantillons sanguins de la cohorte finlandaise, dont 176 participants étaient décédés durant une période de suivi de 5 ans.

Résultats :

L’étude a permis d’identifier 4 biomarqueurs circulants qui prédisaient le risque de mortalité, toutes causes confondues, parmi les participants après ajustement en fonction des facteurs de risques traditionnels :

  • L’orosomucoïde ou Alpha-1- glycoprotéine acide (Ratio de risque 1.67 avec un écart type de 1, 95% CI 1.53–1.82, p = 5×10−31), est une protéine présente dans des inflammations et maladies telles que le VIH,
  • Albumine (Ratio de risque: 0.70, 95% CI 0.65–0.76, p = 2×10−18),
  • Les particules lipoprotéiques de très basse densité (VLDL Very-low-density lipoprotein particle size), transporteurs de cholestérol (ratio de risque: 0.69, 95% CI 0.62–0.77, p = 3×10−12), et
  • L’acide citrique (Ratio 1.33, 95% CI 1.21–1.45, p = 5×10−10).

Ces quatre biomarqueurs annonçaient la mortalité avec des causes cardiovasculaires ainsi que la mort de cancer et autres maladies non vasculaires.

Un participant sur 5 de la cohorte de l’Estonian Biobank, ayant eu un score total de biomarqueurs parmi le plus haut percentile était décédé pendant la première année de suivi. Les indicateurs révélaient une véritable fragilité non encore décelée chez les individus de ce groupe, qui avaient ainsi 19 fois plus de chances de mourir à court terme que les individus classés dans le groupe le moins fragile.

La même association de biomarqueurs fut retrouvée dans la cohorte finlandaise avec la même capacité de prédiction de la mortalité à 5 ans  (increase in C-statistics 0.031, p = 0.01; continuous reclassification improvement 26.3%, p = 0.001).

Conclusion :

La recherche de ce cocktail de 4 biomarqueurs a permis de créer de nouvelles relations entre des causes de mortalité en apparence très différentes : cardiovasculaires, non vasculaires et liées au cancer. L’analyse des biomarqueurs a amélioré la prédiction du risque de décès à court terme, toutes causes confondues, mais il faudra encore que des études soient menées pour clarifier ces mécanismes biologiques avant que la recherche de ce biomarqueurs ne puisse faire l’objet d’une campagne de test. En effet, ces cohortes ont un patrimoine génétique proche et ont des modes de similiaires. Enfin la dernière question reste du domaine éthique : Souhaiteriez vous savoir quel est votre risque de mourir d’ici 5 ans s’il n’est rien que la médecine puisse faire pour vous guérir?

Sources :

L’étude menée par les équipes estonienne et finlandaise, a été publiée le 25 février 2014 par Krista Fischer, Johannes Kettunen, Peter Würtz dans la revue PLoS Medicine.

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