La justice a contraint l’ex roi des Belges, Albert II, à faire un test de paternité en 2019 avec Delphine Boël, née en 1968 d’une relation extraconjugale.
A la suite de ce test ADN et d’une bataille judiciaire de 7 années, l’ex roi Albert II a reconnu qu’il était bel et bien le père de l’artiste Delphine Boël. En octobre 2020, Delphine Boël, s’est vu accorder le titre de princesse et le nom de Saxe-Cobourg-Gotha.
Une période tourmentée pour le couple princier
L’ex-roi des Belges a régné de 1993 à 2013. Il s’était marié en 1959 avec Paola Ruffo di Calabria, une aristocrate italienne, dont la grand-mère était également une aristocrate belge. Leurs premières années furent idylliques, Albert était alors Prince de Liège, frère du roi Baudouin.
Ensemble, ils eurent trois héritiers légitimes: Philippe l’actuel roi des Belges (né en 1960), Astrid (née en 1962) et Laurent (né en 1963).
Le couple princier traversa une profonde crise dans les années 1960. Paola apparaît peu en public et si le couple évite le divorce, il commencèrent à vivre séparément.
C’est dans ce contexte qu’Albert commença une liaison avec la baronne Sybille de Selys Longchamps.
Une liaison de neuf années avec la mère de Delphine
Delphine naît en 1968, fruit de la liaison d’Albert avec la baronne Sybille de Selys Longchamps. La baronne était séparée de son mari. Mais pour Albert, un divorce aurait été plus compliqué dans un contexte où son frère Baudouin, le roi de Belgique n’arrivait pas à avoir d’héritier.
Dans une interview à la RTBF Sybille expliquait que les conséquences d’un divorce auraient été trop lourdes pour Albert. Il aurait dû renoncer à ses droits dynastes au profit de son fils, Philippe. De plus, Baudouin éduquerait le futur roi car Sybille n’aurait jamais le droit de voir les enfants d’Albert.
Le couple royal ne divorcera pas, mais Paola aurait accepté la liaison de son mari. Elle aurait proposé à Sybille d’après Gala : « Je sais que mon mari est très épris de vous et ce serait plus simple qu’on devienne tous amis, comme ça vous le verriez plus ». La liaison continue jusqu’en 1976, date à laquelle la mère de Delphine Boël s’installe à Londres avec sa fille à Londres.
Révélation de l’existence d’une enfant illégitime du roi
Le 31 juillet 1993, le roi Baudoin meurt sans donner d’héritier. Son frère cadet Albert hérite donc du trône de Belgique.
On découvre l’existence d’une fille cachée du roi des Belges suite à une biographie non autorisée de Paola en 1999 (écrite par Mario Danneels).
La famille royale est très catholique, soucieuse de sa réputation, même si cela peut paraître paradoxal après avoir eu une relation extraconjugale de 18 ans.
Un enfant d’amour née d’une liaison bien connue de tous
Elle a vécu des moments merveilleux avec son père, lorsqu’elle était jeune, ils sont partis en vacances ensemble. Pendant toutes ces années, Albert a pourtant refusé de reconnaître cet enfant née hors mariage.
Tant que le père étant roi, il ne pouvait pas faire l’objet d’une procédure légale. Albert abdiqua en faveur de son fils en 2013.
Après une tentative de conciliation infructueuse, Delphine Boël saisit la justice en juin 2013 pour faire reconnaître sa filiation avec l’ex-roi Albert II de Belgique.
Première étape : contester la paternité existante
« Je ne le fais pas pour l’argent, ou pour la gloire. C’est vraiment important de savoir d’où l’on vient. Maintenant je dois me battre pour quelque chose qui m’appartient et qui appartient à mes enfants. »
En Belgique, comme en France, on ne peut pas légalement avoir deux pères en même temps. Delphine doit d’abord faire annuler la reconnaissance de paternité de Jacques Boël, le mari de sa mère à l’époque.
En mars 2017, une première procédure auprès du tribunal de première instance de Bruxelles conclut que Jacques Boël reste le père légal de Delphine. L’argument est qu’ils s’étaient comportés comme père et fille pendant des années.
Mais en contrepied de ce jugement, la cour de Bruxelles établit en octobre 2018 que Jacques Boël n’est pas le père légal de sa fille Delphine. La cour ordonne ensuite logiquement à l’ex-roi Albert de se livrer à un test ADN de filiation dans les trois mois.
Une amende de 5000€ par jour pour Albert s’il ne se présente pas au test de paternité
Le roi s’oppose alors à cette demande de test de paternité par tous les recours légaux possibles. En plus de la procédure auprès de la cour d’appel, il se pourvoit également en cassation.
Le 16 mai 2019, la cour d’appel de Bruxelles condamne l’ex-roi Albert II à payer à Delphine Boël une amende de 5 000 euros par jour de retard s’il ne se soumet pas au test ADN.
Albert réalise un test de paternité en mai 2019, mais dont le résultat est tenu secret
L’ex-roi accepta finalement de se soumettre à l’expertise ADN en mai 2019 après avoir épuisé toutes les voies de recours.
Mais le résultat du test de paternité resterait dans un premier temps confidentiel, en attendant le jugement en cassation.
Le roi a finalement reconnu être le père biologique de Delphine Boël en janvier 2020.
Mais le palais royal communique le 27 janvier 2020 : “Sa Majesté le roi Albert II a pris connaissance des résultats du prélèvement ADN auquel il s’est prêté à la demande de la cour d’appel de Bruxelles. Les conclusions scientifiques indiquent qu’il est le père biologique de Madame Delphine Boël”.
A 52 ans, l’enfant illégitime Delphine Boël, a finalement été officiellement reconnue par l’ancien monarque. C’est la fin d’une bataille juridique de 7 années depuis sa première revendication de paternité.
Mais la reconnaissance de paternité impliquera-t-elle un changement du nom de famille de Delphine ? Le nom de famille « Boël » était le nom de l’ex-mari de sa mère, cela posait un premier problème. Ensuite le tribunal est-il compétent pour l’attribution des titres royaux ? D’après le conseiller juridique du roi, les titres royaux sont uniquement accordés par un décret royal.
La cour d’appel de Bruxelles reconnaît Delphine comme membre de la famille royale
L’avocat de Delphine Marc Uyttendaele explique pourquoi la cour d’appel de Bruxelles examine la plainte déposée par Delphine contre son père en 2013, malgré cette reconnaissance par Albert. « La position de Delphine n’est pas qu’elle veut ou ne veut pas être princesse. Elle ne veut pas être une enfant à bas prix, elle veut avoir exactement les mêmes prérogatives, titres et qualités que ses deux frères et sa sœur. »
Le 1er octobre 2020, la cour d’appel a accordé à Delphine le droit de porter le titre de « Son Altesse Royale », le titre de princesse de Belgique et d’utiliser le nom de famille Saxe-Cobourg.
Les deux enfants de Delphine, Joséphine et Oscar, deviennent également princesse et prince de Belgique. Tout comme Delphine, leur nom sera précédé de « Son Altesse Royale » ou SAR en abrégé.
“Juridiquement, Albert II arrête là le combat judiciaire et accepte que Delphine Boël devienne son quatrième enfant”, déclare Alain Berenboom le conseiller juridique du roi à la chaîne de télévision belge RTBF.
Avec la reconnaissance de paternité, Delphine participera à l’héritage au même titre que les 3 autres enfants royaux, depuis la récente modification d’une loi sur l’héritage en Belgique.
Mais elle ne pourra pas avoir accès au trône, car les héritiers au trône doivent être nés au sein du mariage d’après la constitution de la Belgique. Elle ne recevra pas non plus de pension.
Tu n’es pas ma fille, ne m’appelle plus jamais
Même si “elle obtient gain de cause, la blessure affective, rien ne la pansera”, a déclaré Marc Uyttendaele, l’avocat de Delphine, à la chaîne belge RTL. Il reproche au roi son “manque d’élégance, d’humanité, voire de gentillesse”.
Il y a quelques semaines, Delphine était interviewée sur l’émission « 60 minutes Australia ». Elle confie que tout allait bien lorsqu’elle était enfant. Sa mère vivait une histoire d’amour fantastique. Delphine raconte : « Albert était l’homme de sa vie. De plus, j’avais beaucoup de contacts avec lui. Parfois, il appelait ma mère pendant des heures, nous allions en vacances ensemble. Il a joué un grand rôle dans ma vie».
Mais quand le scandale éclate en 1999, Delphine fait l’objet d’insultes et de moqueries. A partir de 2001, Albert n’a plus voulu avoir de contact avec Delphine: «Tu n’es pas ma fille, ne m’appelle plus jamais».
« Une victoire judiciaire ne remplacera jamais l’amour d’un père »
Delphine n’a jamais cessé d’essayer de le contacter en direct ou par l’intermédiaire de connaissances. Mais maintenant qu’il a été forcé de la reconnaître, retrouveront-ils les liens affectifs des années de son enfance.
A l’issue du verdict, Delphine de Saxe-Cobourg avait déclaré à la presse « ne rien attendre de la part de son père », père qui ne s’est pas manifesté auprès d’elle.
L’avocat de Delphine résume bien le sentiment complexe de cette victoire en demi-teinte: « Une victoire judiciaire ne remplacera jamais l’amour d’un père mais offre un sentiment de justice, renforcé encore par le fait que nombre d’enfants qui ont traversé les mêmes épreuves pourront y trouver la force de les affronter ».
Un rapprochement avec son frère, puis avec son père
L’actuel roi des Belges, Philippe, a rencontré sa sœur pour la première fois au mois d’octobre, voici le message commun qu’ils ont publié sur le compte .
« Message commun du Roi et de la Princesse Delphine :
Ce vendredi 9 octobre, nous nous sommes rencontrés pour la première fois au Château de Laeken. Notre rencontre fut chaleureuse. Nous avons eu l’occasion d’apprendre à nous connaître lors d’un long et riche échange qui nous a permis de parler de nos vies respectives et de nos centres d’intérêt communs. Ce lien va désormais se développer dans un cadre familial.
Philippe & Delphine ».
Puis Delphine a rencontré l’ex roi et Paola le 25 octobre dans leur résidence de Laeken, près de Bruxelles. A la suite de cette rencontre, ils ont publié la photo ci-contre sur leur site officiel et co-signé le communiqué suivant:
« Ce dimanche 25 octobre, un nouveau chapitre s’est ouvert, empreint d’émotions, d’apaisement, de compréhension et, également, d’espoir. Notre rencontre s’est déroulée au Château du Belvédère, rencontre durant laquelle chacun de nous a pu exprimer, sereinement et avec empathie, ses sentiments et son vécu. Après les tumultes, les blessures et la souffrance, vient le temps du pardon, de la guérison et de la réconciliation. C’est le chemin, patient et parfois difficile, que nous avons décidé de prendre résolument ensemble. Ces premiers pas ouvrent la voie qu’il nous appartient désormais de poursuivre paisiblement. »
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